Journal de Serbie

Voilà, depuis un bout de temps, je me disais qu'il serait grandement mieux d'avoir un logiciel me permettant de mettre à jour ce journal sans passer par canalblog. Pourquoi? Ben d'une part, parce que comme ça il n'y aura plus de pub, d'autre part parce qu'ainsi le journal fait réellement partie du reste du site car hébergée avec. Donc je vous invite à vous rendre à l'adresse suivante: http://giulia.fraboulet.free.fr/beoblog/index.php ou http://www.beoblogue.tk. Et surtout j'aimerais savoir laquelle des deux présentations vous préférez, car j'ai pris le parti d'intégrer totalement le journal au design de mon site (brindailleurs) mais peut-être préférez vous celui-ci, en bleu. J'attends vos réactions. A bientôt!

Ben voilà, depuis hier je suis à Paris, il faut que je me réhabitue au clavier Azerty, snif, et quand je rentrerai dans trois semaines à Belgrade, il faudra que de nouveau je rechange l'habitude de mes doigts...

Le voyage en bus m'a étrangement paru très court, sauf les trois dernières heures, évidemment. C'était un peu bizarre de quitter la Serbie, en sachant que j'allais revenir dans pas très longtemps. Tout est inversé. C'est comme si Belgrade c'était chez moi, que je partais en vacances à Paris quelques semaines et que tout m'attendait là-bas. En fait, j'étais à peine partie que tout me manquait déjà. Surtout quand je suis arrivée a Paris, et que tout autour de moi était en Français, et que je n'entendais plus que des gens à la prononciation pointue, un chouia prétentieuse. C'est vrai, c'est un peu prétentieux notre façon de parler à nous les Français, vous trouvez pas?

J'ai reçu un mail de Rados (qui peut-etre va lire cette page). Il est tombe sur ce site par hasard, et sait donc a present que c'est moi qui lui ai payé sa place pour le concert... Tant pis pour ma fierté, j'aurai au moins sauvé l'honneur en ne lui annonçant pas à la dernière minute qu'il faut qu'il paie sa place!!!

Pour de plus longues nouvelles, il faudra attendre un peu, je ne suis pas très inspirée, mais j'ai quelques trucs à raconter, patientez encore un jour ou deux!

Eh oui, je ne suis pas tres reguliere ces derniers temps, mais que voulez vous, le seul acces internet gratuit qui existe (et il a l'immense merite d'exister), c'est a l'asso de la cite U, et cette asso n'est pas toujours ouverte 24/24, et puis de temps en temps le central deconne... Quoi, c'est quoi le central? Ah, je vais vous expliquer le systeme telephonique de la cite...
Tous les appels de ou vers l'exterieur passe par le central telephonique. Par exemple, pour m'appeler, il faut faire le numero du Dom, puis demander le numero de ma chambre a une sympathique standardiste. Donc bref, pour internet, ca passe aussi par ce fameux central ou toutes les lignes se rejoignent, sauf que pour tout le Dom, il n'y a que 15 lignes... eh oui... donc ca bugue regulierement, et puis inutile de vous dire qu'ici, en Serbie, l'adsl, ca n'existe pas, meme si ca existait, les lignes sont tellement mauvaises que ca ne changerait rien. Voila pour l'explication "culturelle" du jour...

A part ca, suis allee hier pour la troisieme fois de ma vie (trois fois plus que tout serbe moyen) voir en concert Bora Dugic, magistral... Aca jouait c'est pour ca que j'y suis allee, sauf que je ne l'ai pas beaucoup vu car il m'a encore fait des droles de coups, rendez vous rates et coups de fils qu'il ne passe pas, resultat j'ai passe mon mercredi a attendre qu'il appelle pour qu'on se voit, on ne s'est pas vu... m'avait dit qu'il aurait moyen d'avoir deux places pour moi, resultat en fait j'ai ete obligee de lui demander pour la mienne hier soir, il voulait me la ?rembourser? apres le concert, sauf que moi j'ai pas un rond. Encore heureux, j'avais prevu le coup foireux, j'ai emprunte 500 dinars a ma cimerka pour payer la place de Rados, un ami (vous ai-je deja parle de lui? je crois pas) que j'avais invite pour le concert.

Bref, journee bizarre hier, tipiquement serbe, ou guiliesque je sais pas. Rendez-vous au Sava centar avec Aca pour sa repetition. J'arrive a 3.30, donc logiquement il repete deja depuis une demi-heure. Demande aux vigiles qui sont la ou est la repe de Bora Dugic. Ont pas l'air tres au courant, il faut pourtant savoir que Bora Dugic est un tres grand nom de la musique serbe traditionnelle, il joue de la Frula, plus vieil instrument traditionnel serbe. Bref, ils m'indiquent une salle, j'y vais, rien. Je reviens, ils passent un coup de fil, me disent que la repe commence a 4.30. Dans une heure. Bon, je vais faire un tour dans le froid, me surprend a chanter, passe un bon moment et revient. Demande ou se situe la salle, m'indiquent l'entree sud. Y vais, et la je demande a l'entree ou Bora Dugic repete, on me dit, c'est a 6hoo, la je commence a me poser des questions, et surtout a m'enerver. Je decide de rentrer au Dom pour appeler Aca et Rados, a qui je n'ai toujours pas donne de rendez-vous pour le concert. J'etais tres enervee, surtout que ce putain de tramway met une heure du Sava centar jusqu'au Dom. Bref, j'ai Aca au telephone, qui me dit qu'il est bien en repe depuis trois heure de l'apres-midi... La, je commence vraiment a peter un cable... Mais bon, il, parait que c'est normal, tout est comme ca ici, les gardiens de la plus grande salle de concert de Serbie ne savent meme pas ou et quand repete le plus grand musicien serbe. Pas grave, je me suis calmee, ai demande a un charmant jeune homme comment aller plus vite jusqu'au Sava centar, et merci mon Dieu, j'y suis arrivee en une demi-heure. Ai vu Aca repeter pendant une heure, enfin repeter est vraiment un grand mot, il ne faisait que se marrer, ca avait l'air assez ennuyeux, comme toutes les n-iemes repetition du monde. Bora Dugic s'enervait contre tout le monde, et le regisseur, ou l'ingenieur son, je sais pas comment on appelle le type qui s'occupe de toute la technique, qui gueulait aussi dans son micro. Une repet quoi, les violons etaient pas ensemble, c'etait un peu le bordel, il faut bien le dire, moi ca m'a plutot fait marrer. Bon, voila. Ensuite, j'avais rendez-vous avec Rados, que j'ai fait attendre une demi-heure dans le froid, lui ayant indique l'entree des musiciens mais l'ayant attendu devant l'entree principale, ca c'est tout moi, sauf que la j'ai quand meme l'excuse que je suis pas dans mon pays, et que c'est quand meme plus facile de se planter. Mais la avec lui je n'ai plus aucune excuse, a chaque fois qu'on se voit, je le fais poireauter une demi-heure, et je commence a vraiment me sentir tres mal vis-a-vis de lui, etant donne qu'il fait pas beaucoup plus de 2 degres le soir. Depuis le debut, ca a mal commence, on s'est connus alors que j'etais completement bourree (la vodka trop vite, ca le fait pas, je vous le dis tout de suite), a moitie paumee et pas bien du tout, j'ai jamais ete aussi mal a cause de l'alcool, et j'ai decide que c'etait aussi la derniere fois! Et heureusement, il m'a gentiment assiste tandis que je vomissais, oui je sais c'est pas tres classe, mais bon, ca arrive... Bref voila, ensuite on est devenu amis, un gars super gentil, le premier qui n'a pas commence la discussion par le sempiternel: t'as un copain? Donc bref, voila...

A part ca tout va bien, je rentre en France pour Noel dans moins de deux semaines si tout se passe bien, et ce pour trois semaines.

Monsieu Biscuit est revenu me voir ce week-end, un matin. Il frappe, moi, encore dans mon lit et pensant que c'est Laura, je dis "Entre!". Et a travers le brouillard de mes yeux delunettes, je vois un gars, grand, me dis que c'est un copain de Hiromi, ne bouge pas. Bon, voyant que Hiromi ne reagit pas trop et que le gars a l'air un peu embarasse dans l'embrasure de la porte, j'essaie de voir qui sait, pas moyen, et je trouve pas mes lunettes. Je commence a etre un peu genee, etant donne que j'ai toujours dormi sans pyjama, alors imaginez la scene, un inconnu dans la chambre, et moi camouflee sous mes couvertures. Il finit par dire qui il est, et moi "Ah, ok, bon excuse moi, tu peux sortir, je m'habille vite fait", a moitie morte de rire. Je me leve, m'habille, et la Hiromi me demande d'aller chercher le bouchon de la baignoire. Je m'explique... la veille j'ai prete notre bouchon de baignoire a une copine, et Hiromi, qui passe sa vie a se baigner, en avait besoin urgeamment. Je sors, dis a Dejan de patienter encore un peu, et me met a courir pied nuds dans le couloir pour aller dans l'autre Blok pour demander a une autre francaise ou se trouve la chambre de l'autre (qui est dans mon blok, mais ou?), et elle me dit qu'elle n'en sait rien. Je redescends demander au portier, toujours pieds-nuds, qui me dit qu'elle est sortie... Bon, tant pis pour Hiromi, je remonte, le pauvre Dejan attend toujours dans le couloir avec ses biscuits, me regardant arriver d'un air eberlue et me demandant pourquoi je suis pieds-nuds... bonne question, pour aller plus vite sans doute! Bref, le pauvre il a attendu dix minutes dans le couloir, je n'ai meme pas pense a le faire rentrer dans la chambre...

Au final, il est reste avec nous quelques temps, interessant ce garcon, et tres gentil, mais bon, va bien falloir que je finisse par lui dire que je suis mariee... mais c'est con, ca pourrait faire un copain... et puis j'aime bien ses biscuits moi!

Non, non, je ne suis pas morte, tout va bien... Je n'ai  pas eu d'acces a internet assez regulier et assez long pour ecrire ces derniers temps.

C'est l'hiver. Il fait un coup froid un coup chaud, mais c'est bel et bien l'hiver, il a neige, seulement quelques flocons, mais assez pour me faire bondir de mon lit enfiler mon pull le plus chaud, deux paires de chaussettes et mon echarpe crochetee (au doigt, n'ayant pas trouve de crochet) par mes soins, et hop, on descend les escaliers a toute vitesse avec des images de bonhommes de neige qui s'etalent sur les murs. Manque de pot, arrivee dans le hall, a travers mes lunettes que vois-je, il n'a neige que trois flocons qui deja fondent sous la pluie, a peine plus d'un centimetre, de quoi me rendre un instant la plus triste du monde, pour ensuite remonter lentement dans ma chambre et me recoucher jusqu'a midi pour me consoler... Bah, ne pleurez pas, je me suis fait une raison depuis... c'etait il y a une semaine, et a present, apres une pointe a 16 degres aujourd'hui (incroyable, j'etais en jupe et sans echarpe!), le temps devrait (enfin!) se refroidir, pour atteindre 4 degres en journee dimanche, et 0 la nuit... J'attends avec impatience le moment ou je me leverai le matin, et en regardant par la fenetre je verrai que tout est blanc, que je pourrai aller faire des batailles de boules de neige et faire un bonhomme geant, plus grand que mon allegresse.

En attendant, je passe une periode un peu mitigee. L'exaltation des debuts est retombee, tout ce qui etait nouveau m'est a present connu, et je decouvre avec un peu  d'amertume que derriere la facade de leur grande gentillesse, il n'y a pas toujours grand chose. Les liens forts me manquent, les amis, les vrais, avec qui on se sent bien quel que soit le moment, avec qui on peut faire des projets... un mois pour se faire des amis c'est bien court. Et puis la mentalite ici est un peu differente de celle dont j'ai l'habitude dans ma petite bretagne, ou certes les gens sont au depart un peu plus froid et moins curieux, mais au moins un geste est un geste, et si quelqu'un vient vers vous avec un grand sourire et un immense bonjour, c'est parce que c'est autre chose qu'une simple connaissance. Ici je commence a ressentir un peu la superficialite des relations, on est plus proche de la mentalite mediterraneenne que de la nordique, ce ne sont pas des Slaves du sud pour rien. Donc oui, je suis negative cette semaine, les gens m'enervent, j'ai envie de voir autre chose, de sortir de Belgrade, j'ai donc decide de partir demain a Stara Pazova, petite ville a environ 40km de Belgrade vers Novi Sad, voir mon ami clarinettiste Aca (Atsa), ca me fera du bien, et j'espere reprendre du poil de la bete. Bon, je vous rassure, moi quand je vais "moins bien", j'ai juste l'air plus studieuse que d'habitude. Oui, oui, studieuse... je passe des heures dans la salle d'etudes a potasser mon assimil, a faire les quelques devoirs que nous donne la prof et a faire un peu de traduction.

Sinon, je cherche du travail, et a priori j'en ai trouve un a partir de Janvier, pour etre prof de francais dans un college... Incroyable, moi prof de francais... ca me fera une experience, et quelques 100 euros supplementaires par mois, ce que je vais grandement apprecier, car la bourse a beau etre un veritable don du ciel, elle est un peu juste quand on veut s'acheter une paire de chaussure d'hiver et un dictionnaire en meme temps. C'est meme pas juste, c'est impossible! Je suis a court d'argent et nous ne sommes que le 18, pas de bourse de decembre avant le 6, et en plus je vais l'utiliser toute entiere pour l'aller-retour en France. Je rentre aux alentours du 8 pour passer Noel en famille et profiter de mon amoureux pendant trois bonnes semaines... Mon soleil d'Algerie, tu me manques...

Et vous savez ce qui me manque encore? La musique de chez moi, pouvoir pendant une apres-midi me payer le luxe de la nostalgie en ecoutant du Didier Squiban ou du Erik Marchand, ca ce serait le pied... je ramene tous mes cds apres Noel, et vous allez voir que je vais les souler le plus possible avec MA Narodna Muzika! Non mais, s'agirait que ce soit pas toujours les memes qui pleurent sur des chansons trad!

Au fait, pour votre culture G... Dekan, ca veut dire Doyen... voila pour l'info inutile du jour!

Bon, je crois que je vais arreter d'ecrire en cyrillique, je sais pas pourquoi, ca passe pas... Snif!

Hier soir, quand je suis passee dans ma chambre aux environs de 22h pour recevoir le coup de fil de mon tendre et cher, j'ai trouve sur mon lit un petit sachet avec a l'interieur un paquet de biscuits a la fraise... et un petit mot de Hiromi, ma Cimerka ("co-chambriste"), comme quoi un jeune homme nomme Dejan etait passe me les donner. J'ai trouve ca adorable. Je sais, Sadek, cette anecdote ne va pas te plaire, mais avoue que c'est drolement mignon, non? Bon, ce Dejan, je ne vois pas qui c'est, apparemment on s'est rencontres au resto U, mais je ne l'ai vu qu'une fois, et moi les prenoms c'est pas trop mon fort. Bref, ca m'a fait super plaisir, mais le pauvre je vais etre obligee de l'econduire gentiment. Non, vraiment, les Serbes sont beaucoup moins triviaux que les Francais, ils ont une facon de faire et de dire les choses qui est tellement adorable, ca fait du bien. Les Francais soit-disant romantiques devraient venir ici prendre des cours!!!

Voici une petite anecdote rigolote, qui a mon avis ne peut arriver que dans des pays comme la Serbie. L'autre jour, on sortait en ville avec Laura. Laura, c'est ma voisine de cite U, qui est lectrice de Francais, mais Espagnole. On est toutes les deux aussi bavardes et joyeuses, donc tres copines. Bref on sortait en ville pour aller danser, et voila t'y pas que le bus s'arrete, et le chauffeur de descendre pour aller s'acheter un fanta. Du coup, la moitie du bus est descendue pour aller fumer sa clope. Jusque la, ok, le chauffeur avait soif, il va s'acheter son fanta, c'est plutot sympathique. Mais la ou ca devient encore plus plaisant, c'est qu'une fois que le chauffeur est revenu, il a attendu que tout le monde est fini sa clope pour redemarrer!!! J'ai trouve ca genial... C'est pas en France qu'on verrait un truc pareil! Vous imaginez un chauffeur de bus a Paris faire ca? Le tolle general... Ici c'est normal. Les gens ont beaucoup plus le temps, dix minutes de retard c'est pas un retard (voila qui m'arrange terriblement...), dans la rue, les gens marchent lentement, les profs arrivent parfois une demi-heure en retard... Heureusement que cette mentalite "detendue" existe, car au fond les Serbes ne sont pas du tout des gens detendus et sereins. Ils sont, en general, quand on creuse un peu, tristes, yougonostalgiques et pessimistes. Pas d'espoir, pas de boulot, pas d'argent. Ils bossent comme des fous pour les etudes, parce que c'est peut-etre un des seules moyens de s'en sortir. Pourquoi ils etudient le francais, l'espagnol, l'anglais, le droit international? Pour se tirer une bonne fois pour toutes. Mais le pire, c'est que les quelques personnes que je connais qui sont alles vivre quelques temps a l'etranger ne se plaisent pas, et prefere leur pays, pour cette mentalite justement. En Allemagne si tu arrives 5 minutes en retard, ca le fait pas, et la vendeuse d'oeufs te demande pas avec un grand sourire: "Que veux tu ma cherie?". Et ici, si on va boire un coup, jamais on ne doit payer chacun son coup, ca ne se fait pas. Il y en a un qui paie pour tout le monde, et la fois d'apres c'est quelqu'un d'autre. Et pareil pour les tickets restau. Si un soir il t'en manque un, il y aura toujours quelqu'un pour te depanner, et en aucun cas on te demande de payer. Bref, c'est plus convivial. Ah, ca va etre dur de rentrer en France, je le sens.

Deja qu'en France je suis pas tres douee avec toutes les paperasses, mais encore, c'est dans une langue que je maitrise. Mais alors imaginez la meme chose, encore plus complique, mais en plus, en serbe et alphabet cyrillique... ca devient un cauchemar. Commencons par le debut...

J'apprends peu apres mon arrivee, que je peux avoir une carte de transport mensuel pour seulement 300 dinars (soit 30 francs, donc tres peu chere). Super! Mais pour cela, il me faut une attestation comme quoi je suis bien etudiante a la fac. Je vais donc au rectorat, qui s'occupe des bourses des etrangers, pour leur demander la fameuse attestation. Mais la secretaire me dit que ce n'est pas ici que je dois demander le papier, mais a la fac meme. J'insiste (prevoyante...) en disant qu'ils ne me donneront pas de papier la bas, puisque je ne suis inscrite nulle part, je vais simplement aux cours de serbe pour etrangers. Elle appelle alors la fac, dit quelques mots, raccroche, me dit de repasser le lendemain. Le lendemain, je me pointe, et elle me donne un papier, que je dois aller donner a l'administration de la fac, qui contre ce papier, me donneront l'attestation pour le transport. Je vais donc a la fac avec le fameux papier, poireaute quelques temps devant le bureau "Äåêàí", que je sais meme pas ce que ca veut dire, mais on s'en fout, c'est pas grave. Une secretaire pas super aimable me recoit, prend mon papier, et me dit de revenir le lendemain pour recuperer l'autre papier. Deja, a ce point de l'histoire, je me dis que c'est drolement complique. Mais ce n'est pas fini. Je retourne donc aujourd'hui, et cette fois, elle me dit que pour avoir le fameux papier, il faut que j'aille en bas, aux guichets, trouver Tanja. Bon, allons-y. Devant les guichets (c'est dans la fac, mais on dirait les guichets de la sncf, tous alignes avec des vitres de separation, dans le grand hall qui resonne bien avec tous les etudiants qui sont la a papoter, et a attendre devant des guichets fermes...). Bref je rentre dans le bureau des guichets pour demander la fameuse Tanja, on m'envoie a la rangee de guichets d'en face, qui sont fermes. Je decide donc de rentrer aussi, me fait houspiller par une des femmes qui travaille la (normalement les etudiants n'ont pas le droit de rentrer, mais bon la je voyais pas trop comment faire autrement). Et la Tanja est bien la, bien plus gentille, et me dit de venir. Elle m'explique qu'il faut que je m'inscrive, et pour cela, il faut que j'aille dans une librairie acheter un "index", c'est l'equivalent d'une carte d'etudiant francaise, sauf que la c'est un petit livret rouge, ou l'on note toutes les matieres, et qu'on valide chaque mois. Donc il faut que j'achete ce livret, et un formulaire, et faire une photocopie de mon passeport. Ok. Bon, il faut savoir qu'en Serbie, on paie tout de sa poche. Les formulaires ne sont pas donnes par les administrations, c'est le particulier qui les achete dans des librairies, ou a un guichet specialise. Donc je fais tout ca, reviens et cette fois me mets devant le guichet, sachant que je n'ai pas vraiment rempli mon formulaire etant donne que je ne comprends rien de ce qui est ecrit, et que jusqu'a maintenant, personne n'a pris le temps de m'expliquer comment les choses fonctionnaient ici, on m'envoie simplement de personne en personne, de guichet en guichet, de bureau en bureau, et moi j'essaie juste de pas chercher a comprendre, parce que sinon c'est foutu, on devient fou... Bref, je finis par arriver devant la dame du guichet, j'entends rien quand elle me parle, il y a trop de brouhaha. La seule chose que je comprends, c'est qu'elle me dit de revenir le lendemain avec mon dossier rempli. Sauf que moi je lui explique que je ne sais pas comment le remplir. Mais elle s'en fout... Je commence a voir rouge, et de la fumee me sort par les oreilles, car je me dis que cette histoire de transport ne va jamais se terminer... Je rentre dans le bureau, a moitie en chialant, je sais c'est con de chialer pour ca, mais les administrations, ca me fait regulierement cet effet la. Quand je comprends rien et que en face l'hostilite est manifeste, je ne controle plus rien. Tanja prend mes papiers, me dit ou mettre mon nom prenom, etc... le reste elle s'en charge. Ouf. Elles me font aussi la morale, en me disant que ca ne sert a rien de pleurer et qu'il y a des choses bien plus graves dans la vie. Oui je sais, mais c'est plus fort que moi. Et puis quand on est dans un pays etranger, tout est brouillardeux, on sait rien du fonctionnement, et on se sent completement impuissant. Et je le sais bien pour avoir passer des heures en France a faire des papiers, et a etre renvoye au lendemain, dans un autre guichet, un autre batiment, une autre ville et ainsi de suite jusqu'a ce que tu te dises que vraiment y a un truc qui deconne, la machine est detraquee et tourne sur elle-meme. Oui, pour les papiers, je manque cruellement de courage, et l'avantage des larmes, c'est que les gens du coup sont obliges de t'aider... Bref, j'y retourne demain!

Pour continuer sur le chemin de l'administration, ca peut etre interessant de vous expliquer le fonctionnement des tickets restau U. C'est vraiment "pourquoi faire simple quand on peut faire complique". Pour manger au resto U, il faut acheter des tickets et un jeton. Ce jeton, on le donne a l'arrivee et on le recupere a la sortie, c'est pour eviter qu'on chourre les couverts. Pour les tickets, il faut comme toujours une attestation, et surtout on ne peut les acheter que par serie de dix. Et en plus, d'un mois a l'autre, ils ne sont plus valables. Et le week-end, on ne peut pas manger au resto U le soir. Donc le midi, tu dois donner ton tickets du soir, mais avec la date du jour... contre un sachet avec un pique nique pour le soir. Pourquoi il faut la date du jour, je sais pas, je cherche plus a comprendre... Oui, les tickets sont dates, mais tous les autres jours, on peut donner n'importe quel ticket, ca n'a pas d'importance. Mais maintenant, ils ont decide d'informatiser le systeme. Donc on doit acheter une carte, 1000 dinars (soit l'equivalent d'un mois de restau U). Eh oui, mille dinars dans le vent, soit 1/10 eme de ma bourse (j'ai 10 000 dinars par mois), donc un prix enorme. C'est le prix d'un jean, pour vous donner un ordre d'idee. Et grace a cette carte, plus de tickets, ca marche comme une carte de credit. Mais franchement, est-ce bien utile? Meme en France les tickets U sont pas si modernes. Je ne comprends pas trop pourquoi ils font ca, alors qu'a cote il y aurait tellement de choses a ameliorer. Comme les chambres des etudiants par exemple. Moi ca va, car je suis logee dans le block des lecteurs, par je ne sais quel hasard. Mais les autres blocs sont assez vetustes, pas de fenetre a part un velux etroit, deux lits dans un espace tres tres restreint (environ 10 m2), pas de cuisine collective. Bref bref bref.... voila pour les cotes un peu bizarres et incomprehensibles de la Serbie.

Ce week-end, rien de special, si ce n'est que j'ai passe mon temps a revasser, a fumer des clopes (mais ca y est, j'ai stoppe...), savourer le fait d'etre ici, profiter du beau temps en lisant sur les marches de la cite U, contre une porte vitree teintee, qui au bout d'un moment s'est ouverte, et en est sorti un homme d'environ 50 ans, avec qui j'ai discute quelque temps, de tout de rien, comme d'hab, Pourquoi apprends tu le serbe? Bonne question. Peut-etre parce qu'avant les Serbes ici, il y avait des Celtes, et que mes origines par je ne sais quel procede metaphysique me rappellent ici... Шалим се, шалим се.... Je blague. C'etait une douce apres-midi de Printemps, un dimanche qui lentement coule vers le soir, un petit souffle entre les arbres, le soleil qui clignote entre leurs feuilles, les habits qui trempent en haut dans la baignoire, et donc la lessive a terminer mais rien ne presse. Putain ce que c'est bon de fumer une clope en lisant Хари потер! Merde, dommage que la clope ca tue les poumons, je vous jure que sinon j'en fumerais 40 par jour. Le vieux m'invite a boire un jus pour 7h, rentre chez lui ecrire un discours sur l'economie du pays. Il travaille pour le ministere des Finances, et a son appartement ici, dans la cite U. Marrant.

Puis m'en vais faire un tour au local des etudiants, ou je decouvre tout le mobilier dans le couloir, et a l'interieur, un Ivan, tout seul, qui gratte des taches de peinture sur la porte des toilettes, tout barbouille, et toujours ces yeux bleus tristes et ce visage allonge, il me fait penser a un russe. Je reste la pendant un bon bout de temps, a ne rien faire pendant que lui nettoie, me parle a toute vitesse. Je n'ose pas lui faire repeter a chaque coup, du coup c'est un peu un dialogue de sourd, mais bon, on est bien. Me demande, vers la fin, si en Serbie les mecs me plaisent. Sauvee par le gong, quelqu'un entre, et je n'ai pas a repondre. Tout le monde me pose cette question, et j'ai un peu peur de repondre oui, et d'ainsi leur donner l'autorisation de jouer de leur charme. Car les Serbes sont des charmeurs inveteres. Pas dragueurs comme les francais, qui vont droit au but meme s'ils n'ont rien dit on sait ou ils veulent en venir. Non, les Serbes aiment qu'on tombe amoureux d'eux, meme si c'est juste pour deux jours, mais avoir le sentiment que c'est pour toute la vie. Bref, quelqu'un est entre, et il n'a pas ose me reposer la question. Surtout qu'il sait que je suis mariee, puisque des le premier jour il m'a demande si j'avais quelqu'un en France. C'est dingue tout le monde est en chasse ici, les mecs comme les nanas. Mais pour ca les mecs sont plus supportables, car ne sont pas a se demander toutes les 5 minutes si leur meche est bien mise ou si leur jupe montre bien leurs cuisses. Je peux paraitre un peu mechante avec les filles d'ici, mais vraiment elles sont, en general, trop filles pour moi, je n'accroche pas.

Hier, sechage de cours en bonne et due forme. Le pretexte? Je suis descendue un arret trop loin, et etant donne que j'etais deja en retard, ca valait plus trop le coup. Bon, je passe devant une terrasse devant la fac, grand soleil, je transpire dans mes chaussettes en laine, et la je vois les francais et un japonais, qui finissent leur cafe. Discute avec eux, apprends ou se trouve le Festival international de films etudiants, et decide d'y aller pour trois heures. Entre temps arrive Ben, le Belge, qui n'a rien a faire non plus, on part donc tout les deux faire un tour au marche du centre, qu'il ne connaissait pas, ou il y a tout et n'importe quoi, dont une radio qu'il achete avec un tres genereux! rabais de 50 dinars (soit 5 francs....). Le type nous a pris pour des Slovenes, ca fait plaisir, on peut pas faire de plus beau compliment sur notre accent! Puis des fringues de seconde main, vendues sur la rampe des escaliers, enfin des trucs pas chers dans un style autre que "a la mode", donc me voici avec deux hauts pour 80 dinars!! (soit 8 francs). Des trucs de gitans quoi... Je fais marrer les Serbes a n'acheter que des trucs pas chers. Les clopes que je fume, c'est des classic de Íèø, soit disant que meme les tsiganes fument pas ca... Au moins, j'ai trouve ou m'acheter des fringues sans depenser toute ma bourse d'un coup.

A la Kinoteka, films courts d'etudiants Allemands, Danois, Bulgares, Russes, Bresiliens. Pas mal du tout. Malheureusement, le lecteur dvd de temps en temps deconnait, donc y a un court qu'on a pas pu voir. Dommage, c'etait le seul dessin anime, et ca avait plutot l'air sympa. A l'entracte, je fais la connaissance de Igor et Bojana, qui etait derriere moi et s'interessent au fait que j'apprenne le serbe. Vraiment c'est terrible ici, car des que tu parle trois mots, les gens sont hyper curieux de savoir d'ou tu viens ce que tu fais et pourquoi tu es la. Au final, suis invitee a bouffer une Pleskavica, et avant ca, mesdames et messieurs, Igor nous emmene a son cours de... Tango!! Il nous apprend les bases, et bizarrement, je trouve ca assez facile. Bref, je pourrai dire que j'ai appris les rudiments du Tango en Serbie au centre culturel Juif de Belgrade, je vais pouvoir frimer!!

Puis on s'est balade vers le Kalemegdan, Igor avait decide de jouer au guide touristique. Au milieu du parc il y a une sculpture, dediee a la France, sur laquelle est ecrite (ca m'a marque): Болимо Франуску као је она нас волела. Traduction: Nous aimons la France comme elle nous a aime. Dingue. Puis on est alle sur les bords de la Sava, et je leur ai appris quelques pas de danse bretonne, un an dro et une gavotte. Et on est finalement rentre se coucher, moi a Zvezdara et eux a Novi Beograd. Je crois qu'on risque fort de se revoir...

A part ca, je crois que je vais bientot organiser le meurtre ou le suicide de la femme de menage. A chaque fois j'oublie qu'elle vient, mais elle ne manque pas de se rappeler bruyamment a mon esprit a peine est-elle entree dans la chambre. Elle voit que je dors, mais y a pas moyen, il faut qu'elle me demande : TU DORS? Plus maintenant... Ca donne une reponse plus proche du grognement du cochon que de la protestation humaine... Des qu'elle est sortie, j'ai ferme a clefs pour qu'elle ne revienne pas passer l'aspirateur. Quelle chieuse! Sous pretexte que madame commence le boulot a 6h du mat, tous les autre ne sont que des feignants et des bons a rien... Il me semble avoir dis un jour qu'elle etait sympathique, ma langue a du fourche ce jour-la....